Les saveurs du Cancer

Au-delà du plaisir purement alimentaire de ses papilles et du partage de la nourriture, il donne au repas un caractère sacré, il a un sens de la communion, plus précisémment d’une « commune union ». Partager le pain, c’est aussi partager la vie. Ce moment privilégié, il le goûte avec une sensualité non dissimulée. Sachez que le meilleur chemin pour aller à sa rencontre, c’est de l’inviter à table.
À sa table, tout se passe en douceur! L’ambiance est feutrée, paisible, voir flegmatique, pas de stress, si ce n’est celui de vous plaire. Ne vous attendez pas non plus à des plats savamment élaborés, la nourriture qu’il vous offre est simple et nourrissante. Il aurait tendance cependant à « surcharger », d’en faire trop, d’exagérer les quantités, de pousser son convive à manger plus que de raison, c’est qu’il a peur de ne pas rassasier et par conséquent, il y a risque de ne pas être aimé en retour.
Les saveurs sont suaves, onctueuses, moelleuses, veloutées, crémeuses, délicates, caressantes, sirupeuses, glissantes, sans pour autant tomber dans la fadeur et l’insipide. Tout concorde pour enchanter vos papilles. Premier signe d’eau du Zodiaque, ses goûts vont naturellement vers tout ce qui vient de l’eau ou y croît en empruntant la « voie lactée ». Il est l’un des plus fervents clients du poissonnier et du crémier.
Le petit-déjeuner est moment qu’il aime particulièrement et qu’il ne ratera que forcé et contraint,  bien souvent à cause d’une « panne d’oreiller » ! Pas difficile de le satisfaire puisqu’il adore les viennoiseries, les croissants, les petits pains au chocolat ou au lait, la brioche ou tout simplement une bonne et savoureuse tartine au bon beurre doux. N’oublions pas la confiture ! Surtout si elle est fabriquée « à l’ancienne », « au chaudron » ou par ses propres soins. Il aime les parfums subtils, les confitures aux pétales de rose, à la lavande, aux feuilles de thé vert, avec des amandes ou pignons de pin. Un bon bol de lait frais de préférence ou de chocolat accompagnera ce rituel matinal.
Au déjeuner ou dîner, son menu est assez classique.
On y trouve du poisson de rivière de chez nous ou d’ailleurs, des filets de perche, de l’anguille qui se met au vert, de la truite sauvage de Monsieur Schubert, du brochet en quenelle, de la carpe préparée à sa façon qui vous laissera muet de bonheur, du sandre vautré sur un lit d’endive, se pourlèchera d’une nage d’écrevisse. S’il taquine le goujon, rarement il cuisinera le fruit de sa pêche. De ses promenades sur les plages abandonnées, il rapporte coquillages et crustacés : moules, bigorneaux, bulots, crevettes grises ou petits crabes. Au port, il ne dédaignera pas quelques Saint-Jacques ou huîtres fraîches, dont la nacre des coquilles ornera vases, cadres ou autres bibelots. Sans oublier les escargots et les « demoiselles » autrement nommées « cuisses de grenouilles« .
Ce sera également la tendresse qui motivera son choix chez le boucher. Il a une prédilection pour les viandes dites « de lait » comme le veau ou le cochon qu’il cuira en rôti avec un peu de sauge ou en blanquette, l’agneau sous toutes ses formes et plus particulièrement si ce sont de vieilles recettes de famille, en navarin avec des primeurs, en couscous, en croûte ou avec des herbes. Il n’affectionne pas vraiment les viandes rouges, cuites saignantes ou « bleues », pour lui se sera « à point » ou « rosé à cœur ».
En garniture, son choix se portera sur les tubercules chères à Monsieur Parmentier qu’il accommodera de mille et une manières, en robe des champs ou de ville, en gratin fondant ou frittes croustillantes, mais son petit péché mignon est la bonne purée d’antan, crémeuse à souhait, vous en avez l’eau à la bouche !!! Souvent décriée et dédaignée peut-être parce qu’elle a été vulgarisée au 18ème siècle pour combattre la famine, la pomme de terre fait partie de son alimentation de base au même titre que le riz et les pâtes. Ces aliments sont riches en amidon, protéines et vitamines et se transforment en énergie. Au même rayon, il y a aussi la patate douce ou la banane plantain qui peut jouer le même rôle avec une touche d’originalité en plus. De la même famille, il apprécie les duettistes méridionaux : l’aubergine qui ne peut se manger que cuite et la tomate qui le fera rougir de plaisir, et qu’il accommodera selon sa fantaisie. Saviez-vous qu’elle prolonge jeunesse ?
Dans la catégorie des « légumes racines », il aime le salsifis, le rival de l’asperge dont le latex servait de « chewing-gum » aux indiens canadiens ; la carotte qui se mettra dans tous ses états pour son et votre plaisirs ; les navets qui sont délicieux s’ils sont servis « glacés »; la betterave considérée comme un anti-cancérigène par les chinois et sa variante qui donne la blette ; le céleri rave à consommer pour ses vertus apéritives et diurétiques et aussi un peu pour ses vertus aphrodisiaques ! Et le fenouil, délicatement anisé. fera le délice de ses et vos papilles avec lequel il parfumera les poissons, servira cru émincé en salade ou cuit. Le fenouil a aussi la propriété de faire « monter » le lait maternel.
On trouvera également à son menu les différentes variétés de cucurbitacées. Ils ont pour nom concombre, potiron, courge, courgette, melon, pastèque. Il les aime cuites ou crues, salées ou sucrées, en salade ou en potage, en gratin ou en beignet. Une originalité, des beignets de fleurs de courges avec une sauce tartare ; un raffinement, des fleurs de courges farcies à la mousse de poisson avec une sauce safranée. Depuis des temps immémoriaux, les Belles connaissaient les vertus astringentes et calmantes de ces plantes, surtout du concombre, elles s’en faisaient des masques pour prolonger leur beauté. Les champignons ont également une place de choix dans sa cuisine, une condition cependant, ils doivent être délicatement parfumés, comme les pleurotes, les pieds de mouton, les chanterelles, les champignons de Paris.
Son plateau de fromage sera garni de fromages à pâte mole, à la saveur plutôt discrète comme le Brie, le Camembert, les chèvres doux, les fromages blancs accommodés de fines herbes ou de confiture.
Il aime les desserts onctueux, les crèmes brûlées ou pâtissières, les flans, le riz au lait, le fontainebleau, les semoules, les croûtes de fruits de saison, les beignets de toutes sortes, les « blanc-manger« , les gâteaux aux amandes, le « Saint honoré », les petits choux à la crème, les vacherins. Et que dire des glaces et sorbets ? C’est son péché mignon !
Il consommera de préférence de l’eau ou de la limonade, des tisanes (sauge pour tonifier, verveine pour digérer, tilleul pour apaiser), des thés verts à la saveur plus subtile et légère, du café très léger additionné de chicorée. Ses vins préférés sont légers, fruités, rosés et sucrés.

Sans oublier un rendez-vous incontournable dans la journée : le goûter ou « five o’clock ». Un moment de détente pour se régaler de petites mignardises accompagnées d’un bon thé ou une bolée de cidre et quelques amis.

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